Ce fut la bataille la plus longue de la Grande Guerre et
l'une des plus meurtrières de l'histoire. À Verdun, le 21 février 1916, à la
faveur d'un déluge d'obus et d'attaques au gaz, l'armée allemande investit le
nord et l'est de la ville. Dix mois plus tard, dans un théâtre ensanglanté par
300 000 morts, le carnage durait toujours. Cette guerre-là ne devait s'achever
qu'avec la guerre elle-même.
Elle sera célébrée comme le symbole de la ténacité de toute
une nation. Mais la place emblématique qu'elle occupera dans la mémoire
nationale recouvre des interrogations et des incertitudes longtemps occultées.
Pourquoi ce lieu d'une importance stratégique douteuse et cette bataille à
l'issue nettement moins décisive que d'autres ont-ils acquis un statut mémoriel
sans pareil ? Comment Verdun a-t-il « fait la France », pendant et surtout
après la guerre ?
Partant de ces questions primordiales, Paul Jankowski a
interrogé les sources les plus diverses, françaises et allemandes. Son ouvrage
reconstitue l'événement dans la longue durée jusqu'à nos jours. Il éclaircit le
mystère, toujours débattu, des motifs qui avaient poussé les Allemands à
attaquer Verdun. Il analyse la logique infernale qui allait conduire les deux
belligérants à perpétuer une bataille aussi meurtrière qu'elle restait
indécidable. Il sonde, auprès des poilus comme des Feldgrauen, les conduites
héroïques, les souffrances indicibles, les opinions, les haines, les révoltes...
Il explore, enfin, les inscriptions culturelles de Verdun des deux côtés du
Rhin.
Nouvelle lecture de ce « lieu de mémoire », mais aussi
nouvelle manière de faire l'histoire de la guerre.